Comme l’a dit Pascal quand il évoquait le temps: “qui pourrait le définir? Et pourquoi l’entreprendre puisque tous les hommes conçoivent ce qu’on veut dire en parlant de temps, sans qu’on le désigne davantage?”. Pascal se demandait comment définir le temps et l’espace sans se compliquer. Il ajouta néanmoins: “par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point; par la pensée je le comprends”. Actuellement il n’y a pas de doute concernant la relation espace-temps, mais comment s’est faite cette prise de conscience?
Une conscience archaïque
Les hommes ont très rapidement cherché à se situer dans le cosmos, pour cela ils sont partis à la recherche de l’origine du monde. Cette quête signifiait pour eux le besoin de comprendre le temps et l’espace sur lequel ils se situaient ainsi que de donner un sens à leur existence. Dans le diagramme ci dessous, nous avons une représentation de leur pensée dans un graphique, associant le temps (axe des ordonnées) en fonction de l’espace (axe des abscisses). Ils qualifient le temps profane d’indivisible, linéaire et irréversible qui suit l’espace profane, frontière entre le monde connu et le monde inconnu (Cosmos et Chaos). Cependant ils divisaient leur temps en deux, le temps sacré et le temps profane. Différemment du temps profane, le temps sacré était circulaire, réversible et récupérable. Selon eux, il se manifeste parallèlement à l’existence ordinaire en tant qu’une réalité mythique et éternelle. Toutes ces théories de l’homme archaïque, sont basées sur le mythe et la parole divine, et comme les mythes, elles n’ont pas besoin de preuves mais sont immédiatement données ou révélées. La complexité de la géographie spatio-temporelle de la conscience mythique, reflète ce mélange, cette fusion de différents cultes voire doctrines religieuses, de la conscience mythique.
Le temps immobile?
Avant le XXe siècle , les penseurs tels que ceux de la Grèce antique, considéraient que la Terre existait en tant que partie de l’univers physique mais comme tout le reste qu’elle était portée par le temps. En effet on peut rester immobile sur la surface de la Terre mais on ne peut pas rester immobile dans le temps. Zénon d’Élée philosophe grec vivant en Italie du sud entre 490 et 430 av. J.-C établit une série d’énoncés connus sous le nom de paradoxes de Zénon afin de démontrer que la compréhension humaine des mouvements et du temps était inadaptée. Pour résoudre les paradoxes de Zénon nous devons admettre que le temps se comporte comme l’espace et qu’il ne peut pas être découpé en séquences toujours plus courtes. Nous pouvons nous inspirer du paradoxe de Zénon sur Achille et la flèche. Selon ce paradoxe lorsqu’un guerrier grec voit une flèche ennemie s’avançant vers lui, il devrait commencer à courir immédiatement. Même si la flèche vole à une distance jusqu’à dix fois supérieure à laquelle court le guerrier, selon Zénon, le guerrier échapperait à la flèche. Imaginez que la flèche soit tirée à 100m de lui au moment où il commence à courir, et que pendant que la flèche parcourt les 100m qui la sépare de l’endroit où le coureur se trouvait, celui-ci s’est déplacé de 10m, et le temps que la flèche franchira les 10m qui la séparait du coureur, il se sera déjà déplacé de 10cm et ainsi de suite. En divisant le temps en périodes de plus en plus petites il semble que l’on ne verra jamais la flèche rattraper le guerrier mais considérant le temps comme une suite d’instants successifs, ce mouvement est impossible.
Comprendre l’univers: un premier pas vers la compréhension du temps?
En 1642 naissait Isaac Newton, un physicien, mathématicien et astronome anglais. En soit, un penseur en avance sur son temps. En effet, il fit de nombreuses découvertes qui seront primordiales dans le monde scientifique comme le théorème du binôme, l’invention du calcul infinitésimal et les lois de gravitation. Newton est alors inspiré par la rupture d’un homme centré sur lui-même au concept d’un univers infiniment grand, provoqué par un prêtre polonais Nicolas Copernic en 1543, lorsqu’il mit le soleil au centre de l’univers et non plus la Terre, démontrant ainsi que l’univers n’est ni clos ni limité. Et aussi par Galilée en 1609 lorsqu’il défendit cette théorie devant l’église et la communauté scientifique. C’est alors une grande rupture avec le modèle de Ptolémée qui plaça la Terre au centre de l’Univers avec les autres astres tournant autour de celle-ci et d une grande opportunité pour Newton qui lors d’une escapade, assis dans une manière contemplative sous un pommier, vit une pomme en train de tomber de celui-ci. Il se mit alors à se poser plein de questions sur comment cet événement était possible ? De ces pensées surgit la loi de la gravitation qu’il publia en 1687 dans Philosophiae Naturalis Principia Mathematica , qui fut une merveilleuse explication à l’hypothèse d’orbites elliptiques émises par Johannes Kepler, astronome allemand en réponse au orbites émises par Copernic. Cette loi dit que tout corps dans l’univers est attiré par tout autre corps selon une force d’autant plus grande que les corps sont plus massifs et plus proches. Les lois du mouvement de Newton sous-entendent que le temps a certaines caractéristiques comme : le temps devait être continu pour que l’on puisse définir la vitesse et l’accélération; la durée est indépendante de l’observateur en physique newtonienne ; le temps est une variable universelle. En outre, Newton pensait que le temps s’écoule et que cet écoulement définit une flèche indiquant le futur , mais ces caractéristiques supplémentaires ne sont pas strictement exigées par les lois newtoniennes.
Mais au 19e siècle l’énoncé de la seconde loi de la thermodynamique, bouleversa quelques esprits scientifiques comme l’on parle de conservation de matière. En effet, celle-ci appelé couramment d’entropie dit que rien ne se perd et rien ne se crée. En effet, l’univers préfère le désordre, par exemple un œuf cassé ne reviendra plus à être clos car revenir à cette état de densité et ordre n’était pas favorable pour l’univers. La direction prise par le cours du temps pointe toujours vers le désordre et la confusion, de même un désordre plus grand correspond toujours à un moment ultérieur. Tenant compte de cela, on conclut alors que le temps est irréversible.
Jusqu’au 19e siècle, le temps était considéré comme continu, et indivisible,en somme que le temps s’écoule définissant une flèche. Mais ce que ces scientifiques ne pouvaientt pas envisager, c’est que leur perception du temps était complètement erronée. En effet à la fin de ce siècle, est né l’homme qui révolutionnait la physique à tout jamais avec notre perception du temps et de l’espace.
L'écoulement du Temps 